Démarche / Statement
En 2011, lorsque le printemps arabe a enflammé la côte nord-africaine, j’ai commencé une série de toiles illustrant les révoltes, les guerres et l’exode des populations vers l’Europe. Un travail qui a duré dix ans et qui à son terme a vu se confondre sur les plages grecques et espagnoles, le tourisme de masse et les vagues migratoires clandestines.
En 2019, comme un écho, la « caravane hondurienne » partie d’Amérique centrale rejoint la ville frontalière de Tijuana au Mexique et déclenche une vague de marcheurs sans précédent vers l’Eldorado américain. Si mes premières toiles se sont intéressées à l’itinéraire extrême emprunter par ces marcheurs, mon travail s’est recentré sur ces « nouveaux » travailleurs agricoles. Une main-d’œuvre bon marché, payée à la journée, sans autres ressources et qui se confronte à une dure réalité : le paradis rêvé n’en est pas un.
J’ai entamé une réflexion sur cette illusion où chacun trouve son subterfuge pour résister et cela m’a conduit à travailler la notion de rêve. Celui qui nous porte, celui qui nous assomme, celui que l’on a enfant et qui perdure, celui qui disparaît au profit d’un autre… Dans toutes ces éventualités, la faune et de la flore se parent de leurs plus belles couleurs ; le corps et sa posture subissent l’empreinte du temps ; la couleur se révèle être un formidable outil de désapprentissage confrontant le sujet à son attendu. Dans cet espace, le récit devient atemporel et l’individu commun à tous, la réalité s’entremêle aux rêves jusqu’à parfois se confondre.
In 2011, when the Arab Spring ignited the North African coast, I began a series of paintings illustrating revolts, wars and the exodus of people to Europe. This work lasted ten years, and at its conclusion, mass tourism and waves of illegal migration merged on the beaches of Greece and Spain.
In 2019, like an echo, the “Honduran caravan” from Central America reaches the Mexican border town of Tijuana, unleashing an unprecedented wave of marchers towards the American Eldorado. While my first paintings focused on the extreme route taken by these marchers, my work has now refocused on these “new” agricultural workers. A cheap workforce, paid by the day, with no other resources, confronted with the harsh reality that the dream paradise is not a paradise at all.
I began thinking about this illusion, in which everyone finds subterfuge to resist, and this led me to work on the notion of dreams. The one that carries us, the one that knocks us out, the one we had as children and that endures, the one that disappears in favor of another... In all these eventualities, the flora and fauna take on their most beautiful colors; the body and its posture undergo the imprint of time; color proves to be a formidable unlearning tool confronting the subject with its expected. In this space, the story becomes timeless and the individual common to all, reality intermingles with dreams, sometimes to the point of merging.
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